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Programme intégré de financement : jusqu'à 56 milliards de DH de crédits

6 févr. 2020 Medias 24

Intelaka, le programme intégré d'appui et de financement des entreprises tant attendu, sera opérationnel dès ce mardi 4 février dans le réseau bancaire. C'est ce qu'a promis Mohammed Benchâaboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'administration lors de la conférence de lancement du dispositif, tenue ce lundi 3 février à Rabat en présence des patrons de banques, du Wali de la Banque centrale et de la présidente du directoire du Fonds Hassan II.

Cette rencontre avec la presse avait pour but de révéler les produits phares de ce dispositif et répondre à toutes les interrogations.

D'abord, insistent les différents intervenants, il ne s'agit pas "de dons" ou "d'argent qui sera distribué" aux populations cibles. Nous sommes bien en présence "d'un dispositif de crédit". Il doit y avoir des projets à financer, une étude de faisabilité, même "petite" et un dossier complet pour prétendre au financement. De même, il faut "rembourser" le prêt. 

Cette mise au point apportée, le directeur général de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) Hicham Serghini a enfin révélé en détails les différents produits proposés dans le cadre de ce dispositif.

La cible de ces produits : les auto-entrepreneurs, les jeunes diplômés, les micro-entreprises & TPE, l'informel et les petites entreprises exportatrices vers l'Afrique. Une population qui dépasse un million de personnes. Les TPE comptent 330.000 entreprises qui réalisent moins de 10 MDH de CA (95% du tissu productif), les auto-entrepreneurs et les forfaitaires (plus de 600.000 personnes). Il faut aussi y ajouter les jeunes diplômés et les personnes opérant dans l'informel qui ne peuvent être quantifiés dans l'immédiat. 

Trois produits sont aujourd'hui proposés dans le cadre de ce programme. Deux produits de garantie et un prêt d'aide au démarrage des entreprises. 

Les produits de garantie offrent un cadre dans lequel les banques proposeront leur offre. "Libre à chaque banque de traduire ces garanties par un, deux ou plusieurs produits", assure Serghini.  

- Damane Intelak:  Il vise à apporter une garantie de 80% du crédit plafonné à 1,2 MDH pour les porteurs de projets ou les entreprises ayant moins de 5 ans d'activité et dont le chiffre d'affaires ne dépasse par 10 MDH. Le financement est accordé à un taux fixe HT de 2% (2,2% TTC). Le financement peut être un crédit d'investissement ou de fonctionnement sur le court terme.  

- Damane Intelak Al Moustatmir Al Qaraoui : Ce produit est adressé à la même cible citée plus haut mais dans le monde rural. Il vise à apporter, à l'image de celui adressé au monde urbain, une garantie de 80% du crédit plafonné à 1,2 MDH. Les mêmes populations sont ciblées, en plus des petites exploitations agricoles, les projets bâtis sur l'opération de Melkisation. Le financement est accordé à un taux fixe HT de 1,75% (1,925% TTC). 

Ces taux sont fixes et n'ont pas vocation à varier selon les dossiers. Pour ces deux produits, le demandeur de crédit ne sera pas amené à apporter des garanties personnelles. Les seules garanties demandées seront celles inhérentes au projet (le fonds de commerce, le foncier,...) ainsi que celles apportées par la CCG. 

L'apport de la banque peut atteindre jusqu'à 80% du coût global d'investissement, précise Mohamed El Kettani, vice-président du GPBM. Ce dernier promet que les banques donneront une réponse dans un délai maximum de trois semaines, à partir du moment où le dossier déposé sera complet. 

Cette population qui, jusque-là, n'accédait pas ou très difficilement au crédit, peut désormais prétendre lever un financement. "Un crédit de 1,2 MDH pour une petite structure, c'est énorme", commente El Kettani qui rappelle que selon les chiffres du secteur bancaire, le crédit moyen aux TPE sur les cinq dernières années est entre 200.000 et 300.000 DH. 

Il y a aussi un troisième produit qui a été pensé pour aider les entreprises dans leur démarrage :

- Start-TPE : Il vise à permettre aux entreprises d'avoir des fonds pour démarrer le projet. Il cible les entreprises bénéficiant d'un prêt d'investissement de 300.000 DH maximum garanti par le programme Intelaka et qui ont besoin d'un fonds de roulement de démarrage. Cette aide au démarrage prend la forme d'un prêt d'honneur de 50.000 DH accordé au taux 0% et sans exigence de sûretés. Il doit être remboursé en totalité au bout de la cinquième année. 

"Ces trois nouveaux produits s’ajoutent à une offre déjà existante de produits de garantie et de financement", avance Serghini qui ajoute que "ces produits existants seront revus pour donner ainsi un élan fort à la question de l’accès au financement". 

Ce programme a pour objectif de toucher 13.500 nouvelles entreprises pour créer 27.000 emplois par an. Des objectifs précis dont la banque centrale fera un suivi rigoureux. "Ce programme fera l’objet d’un reporting mensuel permettant un suivi rapproché des réalisations et du fonctionnement du dispositif et ce, pour d'éventuelles interventions en vue de corriger et d’améliorer ledit programme", expliquent en substance les différents intervenants. 

L'autre précision de taille apportée lors de cette conférence est le rôle premier des 8 MMDH dont font écho les médias depuis l'annonce du programme. Initialement, les banques et l'Etat ont décidé d'alimenter un fonds d'appui à l'entrepreneuriat dédié à ce programme avec un montant de 6 MMDH sur trois ans (3 MMDH pour chaque partie). Le fonds Hassan II a été appelé par le Roi Mohammed VI à contribuer à cette initiative en injectant dans le fonds 2 MMDH supplémentaires dédiés au monde rural. 

Et contrairement à ce que beaucoup pensent, ces 8 MMDH ne représentent pas la somme qui sera distribuée comme prêts. Il s'agit plutôt de fonds de garantie que les banques feront jouer en cas d'incident. "Ce fonds n'est pas là pour donner des crédits. Cette enveloppe est là essentiellement pour servir de garantie et donc prendre en charge jusqu'à 80% du risque de crédit et accessoirement dans certains cas, elle permettra d'accorder les prêts d'honneur (plafonnés à 50.000 DH, ndlr)", assure Mohamed Benchaaboun.

"Quand on est dans la gestion du risque crédit, le levier est de 6 à 7 fois. Donc 8 MMDH peuvent servir à financer jusqu'à 56 MMDH", précise le ministre de l'Economie et des Finances.

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