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Le FMI anticipe une profonde récession pour le Maroc

15 oct. 2020 Libération

Le Fonds monétaire international (FMI) a dévoilé mardi dernier ses perspectives de l’économie mondiale pour 2020 et 2021. Il ressort des nouvelles projections de l’institution basée à Washington que l’économie marocaine devrait connaître une récession plus sévère que prévu.

En effet, le produit intérieur brut (PIB) devrait se contracter de 7% contre +2,2% en 2019, a indiqué l’institution internationale dans un rapport semestriel sur les perspectives de l’économie mondiale. Les projections du Fonds monétaire sont ainsi plus alarmistes que celles de Bank Al-Maghrib, du Haut-commissariat au plan (HCP), du Centre marocain de conjoncture (CMC) et même du gouvernement.

Rappelons à ce propos qu’au terme de la troisième réunion trimestrielle de l’année du Conseil de Bank Al-Maghrib, tenue le 22 septembre dernier, le wali de la Banque centrale avait déclaré que son institution tablait désormais sur une contraction de 6,3% de l’économie nationale au lieu de 5,2% prévu un mois plus tôt « avec des reculs de 5,3% de la valeur ajoutée agricole et de 6,3% de celle des secteurs non agricoles ». Deux mois plus tôt, tenant compte d’une baisse prévue de 9% des impôts et taxes sur les produits nets de subventions, le Haut-commissariat avait, pour sa part, annoncé que « le Produit intérieur brut devrait enregistrer une décroissance de 5,8% en 2020 au lieu d’une progression de 2,5% enregistrée en 2019 ».

Dans sa publication «Maroc Conjoncture» d’août dernier (n° 327), le CMC avait prédit que le PIB devrait se contracter de 6,2% après avoir révisé à la baisse sa prévision de croissance pour l’année en cours. Soulignons enfin que, dans le cadre de la loi de Finances rectificative pour l’année 2020, le gouvernement a anticipé de son côté sur une récession moins pessimiste de -5% pour cette même année.

En effet, « en se basant sur des hypothèses fixant la production céréalière à environ 30 millions de quintaux et le cours moyen du gaz butane à 290 dollars US la tonne, le taux de croissance de l’année 2020 serait en recul de 5% (contre 3,7% prévu par la loi de Finances pour l’année 2020) et le déficit budgétaire s’élèverait à 7,5% (contre 3,5% prévu par la loi de Finances pour l’année 2020)», anticipe-t-il.

Dans son rapport semestriel sur les perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international s’est aussi prononcé sur l’inflation qui devrait se situer à 0,2%, soit au même niveau que l’année 2019. Avant de s’accélérer pour atteindre 0,8% l’année prochaine. Selon l’institution de Bretton Woods, le solde extérieur courant du Maroc devrait passer de -4,7% en 2019 à -7,3% cette année. Il devrait en revanche baisser l’année prochaine pour s’établir à -5,2%. Pour ce qui est du chômage, il ressort des projections du FMI qu’il devrait se situer à 12,5% cette année contre 9,2% en 2019. Le taux devrait descendre à 10,5% en 2021, selon les prévisions des économistes de l’institution internationale. Point positif : l’économie devrait retrouver une bonne santé l’année prochaine.

Selon les économistes de l’institution, le produit intérieur brut devrait s’améliorer pour atteindre 4,9% en 2021. Au niveau mondial, il apparait que l’économie mondiale serait en train de s’extirper du gouffre dans lequel elle s’était enfoncée lors du « Grand Confinement » d’avril, selon le FMI. Il n’empêche qu’il anticipe un taux de croissance mondiale de - 4,4 % en 2020, soit 0,8 point de pourcentage au-dessus des prévisions de la mise à jour des PEM de juin 2020. En revanche, les projections envisagent une croissance mondiale de 5,2% en 2021, soit 0,2 point de moins que dans la mise à jour des PEM de juin 2020. Selon l’organisation, « ce rebond prévu pour 2021 à la suite de la profonde contraction enregistrée en 2020 se traduirait par une légère augmentation du PIB mondial sur 2020 et 2021, de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2019 ». Qu’à cela ne tienne, et en dépit du fait que le redressement de la Chine ait été plus rapide qu’attendu, le Fonds affirme que « la longue ascension de l’économie mondiale vers des niveaux d’activité comparables à ceux d’avant la pandémie demeure exposée à des revers ». 

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